Rare démonstration d'affection en public
photo dwanjabi
En Inde, la traditionnelle lune de miel occidentale reste principalement réservée aux classes moyenne et supérieure, notamment dans les zones urbaines. Dans les contextes traditionnels, l’expression publique d’affection ou de complicité au sein du couple est souvent limitée. Cette retenue s’explique par les dynamiques des familles élargies, où l’intimité des jeunes époux est fréquemment restreinte. Une jeune mariée, quittant la maison de ses parents pour rejoindre celle de son mari, est généralement soumise à l’autorité de sa belle-mère et, dans une moindre mesure, de ses belles-sœurs. Elle assume souvent un rôle subalterne, s’occupant des tâches domestiques avant de pleinement incarner celui d’épouse. Le mari, quant à lui, tend à éviter de s’impliquer dans les conflits familiaux. Dans ce cadre, l’intimité conjugale se limite souvent à de brefs moments nocturnes. Les aînés, en particulier la belle-mère, peuvent désapprouver les manifestations excessives d’affection entre les époux. Historiquement, dans certaines familles, la belle-mère décidait même des moments où le couple pouvait partager une chambre. Dans les zones rurales, où les hommes et les femmes dorment fréquemment séparément, l’intimité est encore plus rare. Après plusieurs décennies de mariage, les rapports sexuels deviennent généralement moins fréquents. La planification des naissances peut également être influencée par la famille élargie, rendant difficile pour un couple de pratiquer la contraception si cela va à l’encontre des attentes, notamment celles de la belle-mère.
L’idéal traditionnel de la femme indienne, influencé par des textes anciens comme les Lois de Manu (Manavadharma Shastra), repose sur des valeurs d’abnégation, de devoir, d’effacement de soi, de respect et d’obéissance envers le mari, les beaux-parents et, à divers degrés, les autres membres de la belle-famille. La fidélité féminine reste une obligation essentielle, son manquement pouvant entraîner un déshonneur pour le mari et la famille entière. En revanche, les écarts de fidélité masculine sont souvent tolérés, sauf si un membre masculin de la famille (père, frère ou mari) décide de réagir pour laver l’affront. Dans les zones rurales, où vit encore une grande partie de la population indienne, les relations extraconjugales sont rares en raison de la promiscuité des familles, des tabous liés aux castes et de la surveillance communautaire. Les moments d’intimité pour les amants se limitent souvent à de brèves rencontres dans des lieux isolés, comme des champs. Dans les milieux urbains, parmi les classes moyenne et supérieure, les femmes mariées, de plus en plus actives professionnellement, peuvent entretenir des relations discrètes, souvent avec un collègue, dans un cadre strictement confidentiel. Cette évolution s’explique par une plus grande autonomie des femmes, une meilleure connaissance de leurs droits, et l’influence de la modernisation et des valeurs occidentales, qui favorisent une certaine libération des mœurs.
Jeune épouse
photo interplast
Dans les milieux traditionnels hindous, les périodes d’abstinence sexuelle sont souvent influencées par des textes anciens, tels que les Lois de Manu ou d’autres écritures dharmiques, et restent observées dans une certaine mesure, particulièrement dans les zones rurales et parmi les communautés conservatrices. Pendant les menstruations, une femme est traditionnellement considérée comme rituellement impure, ce qui entraîne des restrictions : elle est généralement exclue de la cuisine, des rituels domestiques (pujas), et des grandes cérémonies religieuses. Cette période d’impureté dure généralement de quatre à six jours, après quoi la femme prend un bain rituel, revêt des vêtements propres, et reprend ses activités habituelles. Après un accouchement, une femme est également considérée comme impure, pour une durée variant de treize à quarante jours selon les régions, les castes, et les traditions locales. Historiquement, dans certains contextes, l’abstinence sexuelle pouvait s’étendre pendant toute la période d’allaitement, parfois jusqu’à deux ans, bien que cette pratique soit devenue rare. Dans certaines croyances traditionnelles, limiter les rapports sexuels est associé à la préservation de la vigueur masculine et à une meilleure résistance aux maladies, bien que cette idée soit moins répandue aujourd’hui, notamment dans les milieux urbains et éduqués.