Outre les dieux et les humains, les récits mythologiques hindous mettent en scène des figures intermédiaires, semi-divines ou dotées de qualités spirituelles exceptionnelles, qui jouent des rôles clés dans la cosmologie et les récits sacrés.
Ramana Maharshi
photo Aki-108
Les rishis sont des sages vénérés ayant perçu les vérités fondamentales de l’univers et les ayant transmises à travers les écritures sacrées, notamment les Vedas. Ces voyants (drashtā) sont à l’origine des hymnes védiques, considérés comme des révélations divines. Le titre de rishi est également attribué à des guides spirituels, vivants ou décédés, ayant atteint un haut degré de réalisation spirituelle, comme Ramana Maharshi, souvent qualifié de « grand rishi » pour son enseignement non-dualiste (advaita). Dans les récits mythologiques, les rishis sont parfois décrits comme des êtres semi-divins, assistants des grands dieux ou médiateurs entre le divin et l’humain. Les véritables rishis, distincts des imposteurs, se caractérisent par leur accès à un plan de conscience transcendant, souvent considéré comme supérieur à celui des dieux, en raison de leur détachement et de leur sagesse.
Les nagas, divinités ou esprits serpentins, sont représentés dans toute l’Inde sous forme de stèles ou de sculptures, souvent des cobras, placées aux pieds des arbres ou dans des sanctuaires. Dans la mythologie hindoue, la reine des nagas, Manasa, est une déesse bienfaisante particulièrement vénérée dans certaines régions, notamment au Bengale, par les femmes cherchant à surmonter l’infertilité ou à protéger leur famille. Les nagas jouent un rôle ambivalent : parfois antagonistes des hommes ou des dieux (comme dans certains récits où ils s’opposent à des héros), parfois protecteurs ou bienfaiteurs. Ils résident dans le monde souterrain (Patala), où ils gardent des trésors matériels et spirituels. Symboliquement, ils représentent les gardiens des vérités ésotériques, défiant ceux qui cherchent à s’en emparer sans en être dignes, tout en guidant les méritants vers l’illumination.
En complément des dieux, des humains et des figures comme les rishis ou les nagas, la mythologie hindoue met en scène d’autres entités intermédiaires, souvent ambivalentes, qui jouent des rôles variés dans les récits cosmiques et épiques.
Les asuras sont des entités démoniaques qui s’opposent aux devas (dieux), entravant la progression spirituelle des individus et l’ordre cosmique. Parfois appelés danavas, daityas ou autres selon leurs catégories, ils forment un groupe diversifié aux rôles spécialisés. Nés en même temps que l’univers, ils incarnent la contrepartie indispensable des forces divines et ne disparaîtront qu’avec la dissolution cosmique. La mythologie hindoue est largement composée de récits de luttes entre devas et asuras, où les dieux triomphent, mais toujours au prix d’efforts considérables et jamais de manière définitive. Les asuras vaincus par Vishnu, par exemple, renaissent sous d’autres formes dans ses incarnations successives.
Contrairement à une vision manichéenne, les asuras ne sont pas purement maléfiques. Beaucoup se livrent à des ascèses (tapas) rigoureuses pour acquérir des pouvoirs, comme Ravana, l’antagoniste de Rama dans le Ramayana, qui pratiqua le panchagnitapas (méditation intense entouré de cinq feux) pendant des milliers d’années. Après avoir vaincu Ravana, Rama rendit hommage à sa piété et à son courage lors de ses funérailles, soulignant que les asuras peuvent être respectables. Certains asuras incarnent des âmes en quête d’expiation karmique ou cherchant à interagir avec les dieux, reflétant leur complexité morale.
Nagas au pied d'un arbre
photo Richard Meury
Les gandharvas ne sont pas des asuras, bien qu’ils puissent parfois s’allier à eux dans certains mythes. Ce sont des musiciens célestes, associés aux arts, à la beauté et à la joie. Avec les apsaras (nymphes célestes), ils évoluent dans les cieux, dansant, chantant et jouant de la musique pour divertir les dieux. Ils sont également réputés pour leurs talents de guérisseurs, agissant parfois comme médecins divins. Dans certains récits, les gandharvas adoptent un comportement ambigu : embusqués dans des lieux comme des palmiers, ils peuvent posséder des humains, provoquant des troubles nécessitant un exorcisme. Leur nature éthérée et leur lien avec la créativité en font des figures à la fois bienveillantes et imprévisibles.
Les Ganas ou Pramathas : Ces êtres sont les serviteurs de Shiva, dirigés par Ganesha ou son frère Kartikeya (Skanda). Ils forment une cohorte turbulente, symbolisant les défis et les tourments liés à la perception de la multiplicité du monde, qui peut troubler la conscience spirituelle. Bien qu’au service de Shiva, leur action peut être perturbatrice, reflétant les obstacles intérieurs que les dévots doivent surmonter.
Les Rakshasas : Contrairement aux ganas, les rakshasas sont des êtres démoniaques, souvent dépeints avec des apparences terrifiantes et associés à des comportements cruels, comme la consommation de chair humaine. Ennemis redoutables des dieux et des humains, ils incarnent des désirs et des aspirations destructrices. Certains rakshasas, comme Vibhishana dans le Ramayana (frère de Ravana), s’allient aux forces du bien, démontrant que leurs tendances négatives peuvent être sublimées. Bien que généralement associés à la perte spirituelle, les rakshasas peuvent, dans de rares cas, servir des desseins positifs lorsqu’ils sont guidés par un dharma supérieur.