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SPIRITUALITÉ : Les rituels

puja

Puja

photo mokaysavage

La puja dans l’hindouisme

La puja (offrande ou culte) est le rituel par excellence de l’hindouisme, pratiqué dans les temples, sur des lieux sacrés ou au domicile des fidèles. Ce rituel consiste à honorer une divinité à travers des offrandes, qui incluent généralement des fleurs fraîches (souvent tressées en guirlandes), des grains de riz, du ghee (beurre clarifié), des sucreries, du sindur (poudre de vermillon) et parfois de l’encens ou des lampes à huile (diya). À l’entrée ou autour des temples, des boutiques proposent ces offrandes aux dévots.

 

Lors de la puja, les fidèles déposent leurs offrandes sur une représentation de la divinité, comme un lingam (pour Shiva), ou sur les mains, les pieds ou le front d’une statue (murti). Ce geste s’accompagne de la récitation de mantras (invocations sacrées) et, dans certains cas, de mudras (gestes symboliques des mains). La puja varie considérablement selon les régions, les divinités et les traditions, reflétant la diversité de l’hindouisme. Les grands temples du Tamil Nadu, comme ceux de Madurai ou de Thanjavur, offrent un cadre particulièrement riche pour observer la ferveur de ces rituels. Les moments privilégiés pour assister (avec discrétion) aux pujas dans les temples sont tôt le matin, entre 6 h et 8 h, ou en début de soirée, entre 17 h et 19 h, périodes où les cérémonies sont les plus fréquentes.


Durga

Statuette de Durga

photo Ishtiaque Zico

La représentation des divinités dans l’hindouisme

Dans l’hindouisme, la divinité est souvent représentée par une statue ou une sculpture, appelée murti, qui peut parfois être ornée de vêtements, de bijoux ou d’autres parures. Ces murtis ne sont pas considérées comme des idoles habitées par le dieu lui-même, mais comme des supports sacrés dégageant une énergie spirituelle, ou shakti, dont la puissance dépend des rituels de consécration (prana pratishtha) effectués pour les sanctifier.

 

Lors de la puja, le fidèle offre des offrandes (fleurs, ghee, sindur, etc.) et récite des mantras pour honorer la divinité associée à la murti tout en s’imprégnant de cette shakti. Ce rituel vise à établir une connexion spirituelle avec le principe divin, permettant au dévot de s’en rapprocher ou de l’incarner intérieurement.La vitalité de cette énergie émanant de la murti est maintenue par des rituels réguliers effectués par les prêtres brahmanes dans les temples, souvent tout au long de la journée. Au sein du foyer, la puja est généralement accomplie par le chef de famille ou un membre désigné, selon les traditions locales.



Upanayana

Rituel de l'Upanayana

photo calamur

Les samskaras dans l’hindouisme

Les samskaras sont des rituels de passage qui marquent les étapes importantes de la vie dans l’hindouisme. Les textes traditionnels en prescrivent de 12 à 40, selon les traditions, mais dans les zones urbaines modernes, de nombreuses familles n’en accomplissent qu’un nombre réduit en raison du manque de temps ou de motivation. Ces cérémonies rythment l’existence, de la conception à la mort, et impliquent souvent la participation de divers membres de la communauté.

Organisation et diversité des rituels

Les samskaras réunissent des participants de différentes castes, chacun jouant un rôle spécifique. Un prêtre brahmane dirige la cérémonie, récite des mantras (versets sacrés) et veille au respect des prescriptions rituelles. D’autres intervenants peuvent inclure un coiffeur pour raser la tête (symbole de purification), un laveur pour des rituels liés à la naissance, ou des musiciens jouant du tambour, souvent issus de castes plus basses en raison de leur contact avec des peaux animales. Dans certaines régions du nord de l’Inde, des communautés de personnes transgenres ou intersexes (hijras) sont parfois invitées lors d’une naissance pour bénir l’enfant et éloigner les influences négatives.

 

Les cérémonies sont souvent complexes, avec des règles précises : disposition des participants, orientation (par exemple, face à l’est), choix du bois pour le feu sacrificiel, ou moment exact des rituels, déterminé par des considérations astrologiques. Ces détails varient selon les régions et les traditions familiales.

Rituels liés à la naissance et à l’adolescence

Plusieurs samskaras entourent la naissance. Des rituels prénatals (pumsavana, simantonnayana) visent à protéger la mère et l’enfant. À la naissance, des cérémonies marquent l’arrivée de l’enfant, suivies d’autres à des moments précis (par exemple, le 10e ou 12e jour). Dans certains villages, la puberté des filles est célébrée par un rituel (ritukala) signalant leur éligibilité au mariage. Dans les villes, ce passage peut être marqué par un changement vestimentaire, passant de la jupe au sari ou au salwar kameez (tunique longue sur pantalon). Pendant les menstruations, certaines traditions imposent aux femmes de s’abstenir de cuisiner, de toucher le sel, ou de participer à des rituels religieux, bien que ces pratiques soient moins strictes en milieu urbain moderne.

Les samskaras majeurs

Parmi les nombreux samskaras, deux se distinguent par leur importance : le namakarana et l’upanayana.

  1. Namakarana (don du nom) : Cette cérémonie, généralement organisée entre le 10e et le 12e jour après la naissance, attribue un nom à l’enfant. Ce choix n’est pas anodin, car le nom reflète l’identité profonde et peut influencer le destin. Il est souvent déterminé par des critères astrologiques, le nom des ancêtres (père, grand-père), ou celui d’une divinité familiale. La cérémonie s’accompagne d’un repas partagé avec les proches.

     

  2. Upanayana (cordon sacré) : Réservé aux garçons des castes supérieures (dvija, ou « deux fois nés »), ce rituel marque l’initiation spirituelle et l’entrée dans la société hindoue, généralement entre 7 et 12 ans. Le jeune garçon, après un rasage de la tête et un bain purificateur, reçoit un cordon sacré (yajnopavita), porté sur l’épaule gauche et sous l’aisselle droite. Ce cordon, qu’il devra porter quotidiennement, symbolise son appartenance à sa caste et son engagement à suivre le dharma. Les castes inférieures et les Dalits (anciennement « intouchables ») n’ont traditionnellement pas accès à ce rituel, bien que des réformes modernes aient élargi son accès dans certains cas.

 

Durga

Corps en attente de crémation

photo amanderson2

Le rituel de crémation dans l’hindouisme

Le rituel de crémation, appelé antyeshti, est le dernier samskara (rituel de passage) dans l’hindouisme, marquant la transition de l’âme vers l’au-delà. Considéré comme un événement spirituellement significatif, il doit être effectué dès que possible après le décès, à un moment astrologiquement propice. Le corps est préparé comme une offrande aux divinités : il est lavé, purifié, habillé de vêtements neufs et enveloppé dans un linceul. Les coutumes varient selon les communautés. Généralement, les hommes et les veuves sont recouverts d’un linceul blanc, symbole de pureté, tandis que les femmes mariées portent souvent un linceul orange ou rouge, couleurs associées à la vie et à la prospérité.

Préparation et déroulement

Le fils aîné ou un proche parent mâle, considéré comme le principal officiant, se purifie par un bain rituel avant la crémation. Des mantras sont récités à l’intention d’Agni, dieu du feu, pour qu’il accepte le corps comme une offrande et facilite le passage de l’âme. Les jeunes enfants (généralement en dessous de 5 ans) et les ascètes (sannyasins), considérés comme déjà libérés des attaches matérielles par leurs pratiques spirituelles (tapas), ne sont pas incinérés. Leurs corps sont souvent inhumés ou, dans certains cas, immergés dans un fleuve sacré, comme le Gange.

 

Le bûcher funéraire nécessite environ 300 à 400 kg de bois. Pour les personnes de haut rang ou celles pouvant se le permettre, du bois de santal, prisé pour son parfum, est utilisé. Au Kerala, le bois de manguier est courant. Avec la raréfaction et le coût élevé du bois en Inde, la bouse de vache séchée est parfois utilisée comme combustible alternatif, bien que le bois reste privilégié.

 

Le corps est placé sur le bûcher, et le fils aîné (ou un proche) allume le feu. La crémation dure environ trois à six heures. Selon la croyance, l’éclatement du crâne sous l’effet de la chaleur libère l’âme. Si cela n’arrive pas naturellement, le responsable funéraire peut briser le crâne pour faciliter ce processus. Agni consume le corps matériel, permettant à l’âme de rejoindre Yama, le dieu de la mort, et les ancêtres (pitris).

Rituels post-crémation

Après la crémation, l’âme est considérée comme étant dans une phase transitoire (preta), pouvant durer de 10 à 30 jours selon les traditions. Des rituels de purification sont observés par la famille, car le décès est perçu comme une source d’impureté rituelle (sutak). Des cérémonies spécifiques, appelées shraddha, sont effectuées à des intervalles précis, souvent les 4e, 10e, 12e ou 13e jours après le décès, pour soutenir l’âme dans son voyage vers l’au-delà. La période de deuil s’achève généralement par le sapindikarana (ou shubhasvikaram dans certaines régions), un rituel marquant l’acceptation de la mort et le retour à la vie normale, souvent après 13 jours ou un mois.