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TEMPLES ET ARCHITECTURE : Le temple hindou

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Schéma d'un temple

Les temples, innombrables en Inde, sont une étape incontournable pour découvrir ce pays. Il n’est pas obligatoire pour un hindou de se rendre au temple, car la pratique religieuse se concentre souvent à domicile. En effet, la plupart des foyers hindous possèdent un petit autel ou un espace dédié aux pujas (rituels d’offrandes). Les visites aux temples ont généralement lieu à des moments propices, comme lors de festivals religieux ou d’occasions particulières. Contrairement à ce qui est parfois supposé, les temples ne jouent pas un rôle central dans les cérémonies de mariage ou les funérailles, mais ils servent de lieux privilégiés pour des discours religieux, des bhajans (chants dévotionnels) ou des rassemblements spirituels. Ce sont des espaces de revitalisation de l’énergie spirituelle.

 

Les plus grands temples sont souvent construits sur des sites spectaculaires, tels que des sommets de montagnes, des rives de fleuves ou des côtes maritimes, en raison de leur signification spirituelle et de leur beauté naturelle. Les petits temples, en revanche, sont omniprésents : on les trouve le long des routes, au pied d’un arbre ou même dans des recoins urbains. Les officiants des temples, souvent appelés prêtres (pujaris), sont généralement des employés rémunérés par les autorités du temple. Traditionnellement, ils appartiennent à la caste des brahmanes, mais cette règle n’est plus systématique, et de nombreux prêtres ne sont pas brahmanes.

 

L’architecture des temples hindous (mandirs) a évolué sur plus de deux millénaires, offrant une grande diversité de formes et de tailles : rectangulaires, octogonaux ou semi-circulaires, avec des dômes et des portails variés. On distingue généralement deux grands styles architecturaux : le style du Nord (Nagara) et le style du Sud (Dravidien). Avant d’explorer ces distinctions, examinons d’abord les caractéristiques communes à tous les temples hindous.

 

Un temple hindou (mandir) est généralement composé de sept parties principales, qui varient légèrement selon les styles architecturaux (Nagara ou Dravidien) mais partagent des éléments communs essentiels à la fonction spirituelle et symbolique du temple :

temple  bhubaneshwar

Temple de style nagara à Bubaneshwar

photo patrikmloeff

 

  1. Garbhagriha : Le garbhagriha est la partie la plus sacrée du temple, abritant la divinité principale sous forme de murti (statue ou représentation). Cette petite pièce, souvent intime, est généralement dépourvue de décorations riches et n’a qu’une entrée restreinte, parfois sans fenêtres. L’accès est habituellement limité aux prêtres (pujaris), les fidèles y pénétrant rarement, sauf dans certains cas exceptionnels.

     

  2. Shikhara ou Vimana : Le shikhara est une tour de forme pyramidale ou courbée surmontant le garbhagriha dans le style Nagara (Nord). Dans les temples dravidiens (Sud), on l’appelle vimana, et dans l’Odisha, deul. Cette structure, souvent ornée de motifs complexes, symbolise la connexion entre le terrestre et le divin.

     

  3. Mandapa : Le mandapa est une salle hypostyle (soutenue par des colonnes) de taille variable, pouvant comporter des dizaines à des milliers de piliers. Un temple peut inclure plusieurs mandapas, chacun avec une fonction spécifique. Autrefois, certains accueillaient les danses des devadasis. Aujourd’hui, les fidèles s’y réunissent pour méditer, chanter des bhajans, prier ou observer les rituels des prêtres. Les mandapas sont souvent décorés de sculptures et de peintures. Un vestibule, l’antarala, relie le mandapa au garbhagriha.

     

  4. Ardha-mandapa : L’ardha-mandapa est un porche ou une salle d’entrée précédant le mandapa principal, servant de transition entre l’extérieur et l’intérieur. Une cloche suspendue au plafond est souvent présente ; les fidèles la font sonner en entrant ou en sortant pour marquer leur présence.

     

  5. Bassin d’eau (Kund ou Tirtha) : Lorsqu’un temple n’est pas situé près d’un cours d’eau naturel, un bassin artificiel, appelé kund ou tirtha, entouré de gradins (ghats), est inclus. Il sert aux rituels de purification ou à des cérémonies, symbolisant l’eau sacrée essentielle à l’hindouisme.

     

  6. Pradakshina-patha : Ce passage entoure le garbhagriha, permettant aux fidèles d’effectuer une circumambulation rituelle (pradakshina) autour de la divinité principale. Cette pratique exprime le respect et la dévotion envers les dieux et déesses du temple. Le passage peut être ouvert ou couvert, selon l’architecture.

     

  7. Gopuram : Le gopuram est une porte d’entrée monumentale, particulièrement caractéristique des temples dravidiens (Sud). Richement décorée de sculptures colorées représentant divinités, mythes et figures célestes, elle marque l’entrée du temple et symbolise le passage du profane au sacré. Dans les grands complexes, plusieurs gopurams peuvent encadrer les différentes enceintes.

 


temple dravidien

Temple de style dravidien à Madurai

photo stevehorgan

Styles architecturaux des temples hindous

Les anciens textes sur l’architecture, connus sous le nom de Vastu Shastras ou Shilpa Shastras, désignent trois principaux styles de temples hindous : le Nagara pour les temples du Nord, le Dravidien pour ceux du Sud, et le Vesara, un style hybride combinant des éléments des deux précédents. Les styles Nagara et Dravidien dominent largement l’architecture des temples en Inde. Dans le style Nagara, les tours, appelées shikhara, évoquent une ruche avec des couches superposées, couronnées par un élément en forme de coussin appelé amalaka, souvent surmonté d’un kalasha (vase rituel). Dans les temples dravidiens, les tours, nommées vimana, adoptent une forme pyramidale à étages décroissants, coiffées d’un dôme ou d’une structure en forme de tonneau appelée shikhara dans le vocabulaire local (distinct du shikhara Nagara).

 

Ces deux styles se distinguent également par leurs points d’accès. Dans le style Nagara, le shikhara est l’élément visuel dominant, tandis que le portail d’entrée reste relativement modeste. Dans le style Dravidien, les temples sont entourés de hautes murailles (prakara) et l’accès se fait par des portes monumentales richement ornées, les gopurams. Avec le temps, ces gopurams sont devenus si imposants et décorés qu’ils dominent souvent l’aspect visuel du complexe, éclipsant parfois la vimana.

 

L’architecture des temples présente de nombreuses variations régionales, et les sous-styles portent fréquemment le nom des dynasties qui les ont développés, comme les styles Chalukya, Hoysala, Gupta, Pallava ou Chola. Ces sous-styles, qui reflètent des influences locales et des innovations architecturales, sont abordés dans les sections suivantes.