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LES ARTS : Le Cinéma

Le cinéma est immensément populaire en Inde. Plus grand producteur de films au monde, le pays compte environ 15000 salles et près d’une centaine de multiplex.  On visionne également les films dans les autobus lors de longs trajets à l’aide d’un téléviseur installé derrière le conducteur. Près de 95 % des œuvres diffusées en salle représentent des productions nationales, le 5 % restant allant aux films américains ou européens. Les affiches cinémas géantes exhibées un peu partout dans les villes indiennes témoignent de l’engouement pour le septième art.

 

PosterWallah

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photo lecercle

Le cinéma


Cet emballement pour le cinéma touche d’abord les millions d’Indiens pauvres qui, pour quelques roupies, peuvent rêver pendant quelques heures. Ils peuvent se représenter la vie d’un maharaja dans un palace ou admirer les chorégraphies des plus belles femmes du monde. Les films indiens d’ailleurs, s’exportent partout dans le Tiers-monde, de l’Asie à l’Afrique.


Bollywood, combinaison des mots Bombay et Hollywood, désigne la production cinématographique effectuée à partir des studios de Bombay (Mumbai). Ceux-ci tournent plus de 500 films par année, principalement en hindi. Bollywood n’est cependant pas le seul centre de production filmique de l’Inde, loin de là. Les populations ne partageant pas l’hindi comme langue maternelle préfèrent les films tournés dans leur langue et qui reflètent mieux leur identité. On compte six à sept centres importants de cinéma dans le pays dont Kollywood à Chennai (Madras) pour les films en tamoul, le Kerala pour les films en malayalam, Hyderabad pour les films en telugu, Calcutta pour les films bengalis et le Karnataka pour les films en kannada (Sandalwood!).   Des scènes sont tournées un peu partout à l'extérieur des studios et il ne faut pas être étonné d’être invité à figurer dans l’une d’elles. Les Indiens adorent la présence d’Occidentaux dans leurs films et certains routards paient leurs voyages en tournant sur les plateaux de Bollywood.

 

Aishwarya Ray

Aishwarya Ray

photo wave-ryder

La structure typique d’un film populaire indien diffère de manière considérable de tout autre genre dans le monde. En général plus longs que les films occidentaux, ils sont entrecoupés toutes les vingt minutes environ d’une chanson accompagnée d’une chorégraphie des acteurs. Les scénarios décrivent le plus souvent des amours impossibles ou des scènes d’action spectaculaires avec de mauvais effets spéciaux. La bande-son est amplifiée, les comédiens surjouent et les femmes pleurent beaucoup. Tout ceci apparait très mélodramatique à un Occidental. Les morceaux de musique jouent un rôle important et constitueront une grande partie de la musique populaire entendue en Inde. Après avoir visionné quelques films, on a l’impression d’assister à une variante d’un même scénario. Ce n’est toutefois pas le cas des Indiens qui y voient à chaque fois un film différent. C’est qu’ils obéissent à des codes stricts et très indiens. La connaissance de la culture ancestrale et des mœurs indiennes nous manque pour apprécier ces films. Dans les danses classiques indiennes comme le kathakali, tout le corps est mis à contribution pour exprimer les émotions, avec des mouvements et des mimiques très codifiés, reprises en quelque sorte par les acteurs et qui donnent cette impression de surjouer. Les films sont également remplis de références aux multiples divinités des épopées hindoues. Il semblerait donc qu’une fois qu’on a acquis ces codes, on s’amuse beaucoup. Les films populaires évoluent aussi avec les années: ils empruntent de plus en plus à Hollywood, les scènes deviennent plus violentes maintenant, les femmes plus dénudées.

 

Bollywood

Bollywood est dominé par des clans familiaux qui reflètent très bien le système d’alliance des castes inhérent à la société indienne. Ces « dynasties » comptent environ 35 familles contrôlant tous les aspects de la production cinématographique, qu’ils soient techniques ou artistiques. Les acteurs et actrices doivent adopter des comportements à l’écran qui sont incompatibles avec ceux de l’homme de la rue, comme montrer ses jambes pour une femme, embrasser quelqu’un sans être marié, etc.  Il en résulte que si les comédiens sont admirés à l’écran, sinon divinisés, il serait un déshonneur d’en avoir un dans sa famille. De ce fait, les acteurs forment un jet set à part et isolé dans le ghetto de Bollywood. Parmi les clans, nous citerons entre autres la famille Bachchan parce qu’elle comprend l’acteur le plus célèbre de Bollywood, Amitabh Bachchan. Son fils, aussi acteur, a récemment épousé une autre icône du cinéma de Bollywood, Aishwarya Rai. Mentionnons également la famille Khan, aux origines pachtous, qui compte en son sein le très populaire acteur Shahrukh Khan.

 

Shahrukh Khan

Shahrukh Khan

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Le Cinéma d'auteur

Le cinéma est apparu en Inde à peu près à la même époque qu’en Occident. Il a connu de beaux jours dans les années cinquante avec des comédies musicales à l’indienne sous l’impulsion de cinéastes comme Raj Kapoor, Bimal Roy (Devdas), ou encore Guru Dutt. Mais le plus célèbre d’entre tous est incontestablement Satyajit Ray (1921-1992), qui a reçu un oscar pour sa carrière en 1992, peu avant son décès. Pratiquant un cinéma réaliste, il s’est fait connaître après avoir été primé à Cannes pour le film Pather Pacheli (La Complainte du Sentier), premier volet de la trilogie d’Apu. Il a réalisé trente-sept films, dont Le Salon de Musique, et récolté de nombreuses récompenses au cours de sa carrière.


Malheureusement, le cinéma d’auteur se retrouve à peu de choses près invisible en Inde aujourd’hui, en dehors de rares DVD et de quelques cinémathèques. On espère que la multiplication des salles de type multiplex va remédier quelque peu à ce problème.  Pour le moment, des cinéastes comme Mira Nair (Salaam Bombay!, Le mariage des moussons)  ou Deepa Mehta (Eau, Feu)  sont réduites à faire carrière en Occident.


Deepa Mehta

La réalisatrice Deepa Mehta (au centre)

photo bananamacky