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LES MOEURS : Les bonnes manières

pakora

pakoras

photo Kaustav Bhattacharya

Les Indiens reçoivent peu en dehors du contexte familial, mais une invitation à un repas chez eux est tout à fait possible si vous avez noué des liens chaleureux. On se déchaussera avant de pénétrer dans la maison de celui qui vous accueille. Le maître de maison vous introduira au salon pour vous asseoir sur une chaise ou un coussin. Si vous êtes accompagné d'une femme, votre hôte fera probablement venir son épouse, ses filles et sa mère. Si vous êtes seul, il est fort probable que vous n'aperceviez aucun autre membre de la gent féminine.

 

Si la rencontre a lieu dans la journée, on vous offrira un chai (thé au lait sucré) accompagné de biscuits, de pakoras ou samosas (beignets de légumes plus ou moins épicés). Le tout vous sera offert avec un verre d'eau non filtré que vous pouvez poliment ignorer ou refuser (la plupart des Indiens savent que les étrangers ne boivent que de l'eau embouteillée). S'il s'agit d'un dîner, la table pourra être mise à l'occidentale ou à la manière traditionnelle. Dans le premier cas, vous disposerez de fourchettes et cuillères, dans le second cas, vous mangerez avec votre main droite seulement (ne prenez pas à la légère cette règle). À l'exception du dessert, il n'y a pas d'ordre de service des plats (entrée, plats principaux, fromage et dessert), tous les mets sont servis en même temps au centre de la table. Votre hôte vous proposera au préalable de vous laver les mains.

 


thali

thali

photo Kaustav Bhattacharya

Le repas, toujours à base de riz ou de chapati (galette de blé), est servi dans un thali (au Nord), sorte de grande assiette en aluminium avec plusieurs compartiments destinés aux diverses préparations de légumes et d'achar (condiments épicés). Au Sud, on utilise parfois de grandes feuilles de bananier posées sur le sol. À vous maintenant de développer l'art de manger avec la main droite. Les Indiens fabriquent des boulettes avec le riz imprégné de curry. Vous pouvez aussi essayer de rouler la viande ou les légumes dans un morceau de chapati.

 

Les femmes de la maison ne partageront jamais le repas (sauf en milieu très occidentalisé). L'épouse, assistée de ses filles, vous servira et veillera au bon déroulement du repas. Cet aspect, gênant pour nous, est intrinsèque à la tradition hindoue voulant que l'épouse serve d'abord son mari et ses hôtes et ne mange qu'une fois le repas terminé. Vous mangerez donc avec le maître de maison et possiblement son fils aîné. Ne commettez pas la maladresse de proposer à la maîtresse du foyer de l'aider ou de s'asseoir à votre table, vous mettriez tout le monde mal à l'aise. De même, ne demandez jamais d'aller à la cuisine ou de visiter cette pièce de la demeure. C'est un espace sacré (avec la puja room) auquel seules les femmes en état de pureté rituelle ont accès. L'étranger occupant une position relativement basse dans l'échelle des castes, vous « souilleriez » la nourriture préparée. Pour toutes les pièces de la maison, ne demandez pas de les visiter sauf si l'on vous y invite.


Les deux grands sujets de conversations tabous à ne pas aborder avec un hindou (ou alors très précautionneusement) sont le système des castes et la sexualité. Les Indiens savent que le système des castes heurte profondément les idéaux égalitaires occidentaux et préfèrent passer sous silence ce système hiérarchique dont ils sont fiers (du moins s'ils appartiennent aux hautes castes). Pour la sexualité, la procréation tient lieu de seul sujet dont on peut parler, et entre femmes exclusivement. On parlera alors de grossesse, d'accouchement et de développement du nouveau-né. Dans cette société pudibonde, tout ce qui a trait à la sexualité dérange et est considéré comme une grave indélicatesse. Avec des étrangers, les conventions sont parfois transgressées, mais pas dans le cadre familial.